L’Amérique

« C’est fou ce que le temps passe vite, ah si, c’est ce que je me dis aussi quand j’vois le chemin qu’on a parcouru jusqu’aujourd’hui ». Voilà ce qui nous vient en tête quand on pense à faire un bilan de cette première partie de voyage sur les continents américains. Comme le disent si bien les Neg’Marrons, « qui auraient pu s’imaginer que le temps se serait si vite écoulé »? Allez, il est temps de faire un bilan, calmement, sans pour autant se remémorer chaque instant. 

Les continents américains en quelques chiffres: 

4 pays, 185 jours de voyage, dont 43 au Pérou, 70 en Équateur, 59 au Mexique, 13 aux États-Unis. Plus de 11 jours/ nuits de déplacements. 29 lits différents et plus au moins le même nombre de fois à défaire et refaire nos sacs, soit environ une fois tous les six jours. 

Plus de 16 vagues dénichées, probablement plus d’une centaines de mises à l’eau, avec une moyenne de 2h de surf à chaque session, soit une dizaine de jours entiers à surfer. 8 réparations faites. 1 nouvelle board ajoutée au quiver. 0 abandonnée. Quelques kilos de plus de muscles accumulés. 8 blessures. 12 jours de vidange interne. 1 visite médicale, d’innombrables attaques de moustiques et de puces de sable (on a évité les punaises de lit jusqu’à maintenant, fingers crossed!) et des heures infinies de reggaeton à supporter (et rien que pour vous, on partage notre TOP25 des chansons qui nous ont suivies à travers les frontières. Allez, c’est cadeau!).


Mais aussi… 

Des milliers de sourires échangés, une nouvelle langue baragouinée, des amitiés des quatre coins du monde créées, des nouvelles saveurs dégustées, des bières sur le sable partagées, des heures de fou rires communiqués, des larmes coulées, des crises traversées, des tensions bien gérées, des peurs surmontées, des manques des fois difficiles à maîtriser, des routines à adapter…

L’Amérique latine aura sans doute été notre challenge sur cette route: un continent inconnu pour nous deux, une nouvelle langue, une nouvelle culture qui nous aura, à plusieurs reprises, plutôt déroutée. Mais on en garde un souvenir magique et malgré quelques déceptions, ces six mois de voyage nous auront fait grandir. Personnellement et en tant que couple. Les journées n’ont pas toujours été faciles, des doutes et des peurs ont émergé. L’instabilité du voyage crée de nouvelles remises en question mais nous apprend aussi à lâcher prise, à ne pas s’attacher aux émotions qui nous submergent et surtout, à ne jamais avoir d’attente. On avance, une rame, un pas, un tuktuk, un bus, un avion après l’autre.

Au jour où j’écris ces lignes, nous nous trouvons coincés dans une cabane à Tonga, à attendre que la tempête se calme pendant que la moitié du monde est en shutdown, suite à la pandémie. Pas si facile pour nous d’assister à cette situation à des milliers kilomètres, où le virus n’a pas encore fait de ravage. On pense à nos familles, à nos amis, à nos collègues qui vivent cet état d’urgence en direct. Les émotions se mélangent, entre ce sentiment d’impuissance (surtout pour moi qui assiste de loin aux mesures mises en place au CHUV pour assurer la disponibilité du personnel soignant), et la chance qu’on a de ne pas être touchés dans nos itinéraires jusqu’à maintenant. Ces derniers mois de voyage, et particulièrement aujourd’hui, nous aurons appris à profiter du moment présent. A se rappeler la chance que l’on a de vivre cette aventure et de se soutenir dans ces périodes de grands chamboulements. 

Et même si nous ne savons pas ce que demain nous réserve, nous voici aujourd’hui, plus motivés que jamais pour cette suite de périple, qui, nous en sommes sûrs, aura encore de magnifiques surprises à nous dévoiler. «L’horloge tourne, les jours défilent, les années passent, nos vies changent, on évolue chacun son destin, mais surtout chacun sa chance ». 

 Wherever you go becomes a part of you somehow.

Anita Desai