A peine arrivés à l’aéroport de Puerto Escondido dans l’état de Oaxaca ( à prononcer Oua-ra-ka), un couple d’américains nous avertit que nous ne voudrons plus repartir d’ici. Ok. On en prend bonne note, bien que nous n’y croyions pas vraiment. Mais trois semaines après, on saisit enfin leur attachement pour cet endroit. Voici donc notre épopée au paradis de la droite…
Puerto Escondido
Puerto Escondido est une destination connue et reconnue chez les super-advanced surfeurs. Avec ses énormes barrels de plus de 10 mètres de haut, et sa vague de type « catapulta » qui te casse ta board vite fait, ce spot ne figurait pas dans nos endroits à surfer à tout prix. Mais Puerto Escondido reste une étape immanquable lors d’un surf trip au Mexique, un peu comme le North Shore à Hawaï.
Les sacs déposés chez Pepe, notre hôte pour la semaine, direction Playa Zicatela. C’est ici qu’on est supposé trouver l’énorme vague qui fait la réputation de l’endroit. Mais à nouveau, c’est surtout en été que l’on a la chance d’assister au spectacle des meilleurs surfeurs dans les tubes. Contrairement à Nayarit, les vagues sont là, mais ce qu’on voit c’est surtout un beach break violent où même les body boarders ne s’aventurent pas. Heureusement, une centaine de mètres plus loin, l’océan est un peu plus accueillant, et toute la semaine on y travaillera notre timing de sortie à l’eau afin d’éviter les murs de vagues qui s’écrasant sur la plage. Mais à la nage. Sans nos jouets en fibre de verre.
Pour surfer, Seb essaie La Punta, un deuxième spot à Puerto Escondido. La gauche, beaucoup plus gentille que Zicatela, est forcément beaucoup plus prisée. A 6h du matin sur la plage, on compte déjà une vingtaine de surfeurs à l’eau, pour un set toutes les 20 minutes. Après avoir fait du slalom entre les débutants pendant deux heures, on se dit qu’il est temps de retrouver un peu d’indépendance et de commencer notre recherche de la vague secrète de manière plus autonome en louant une voiture. Dès les premiers kilomètres, on se sent pousser des ailes. On a l’impression de se retrouver dans Gigi, à parcourir la côte Atlantique. Après quatre mois sans voiture, la possibilité d’aller où on veut, quand on veut est devenue un luxe. On en profite alors au maximum. Tous les matins, après notre petite nage quotidienne, on part avec notre VW GOL blanche (non non, ce n’est pas une erreur de frappe, la golf a bien perdu son « f » au Mexique), à la découverte de la côte et de ses « secret spots». On est plus ou moins chanceux, on déniche des endroits magnifiques, avec quelques vagues pour Monsieur (je n’ai pas surfé cette semaine, m’étant blessée l’épaule et une côte à San Pancho, je préférais me rétablir avant que la douleur ne s’installe trop longtemps), et surtout, on fait une pause du tourisme de masse en se perdant sur des plages complètement vides. Le grand kiff.
Et après trois jours de vadrouille dans tous les sens, il était temps de dire au revoir à notre liberté sur roues avant de partir pour des nouvelles aventures, plus au sud de l’état de Oaxaca.
Du coup, pour notre dernière soirée à Puerto Escondido, on se laisse tenter par une excursion pour aller voir la bioluminescence dans la lagune de Maniatelpec. En nageant en pleine nuit dans l’eau de la lagune, les planctons, sensibles au mouvement, émettent une réaction chimique convertie en énergie lumineuse. On se croirait entourés de petites fées brillantes autour de nous, qui nous glissent autour des doigts si on ose les regarder de plus près. La magie de la nature.
Place we like:
Pepe’s tacos: BEST. FISH TACOS. EVER. Rien à ajouter.
Barra de la Cruz
Après avoir eu plusieurs fois la même recommandation pour cet endroit, on s’est quand même dit qu’il fallait qu’on aille se faire notre propre avis sur ce lieu devenu mythique il y a quelques années après l’arrivée de Mick Fanning et de l’équipe Rip Curl pour leur fameux film « The Search » en 2006.
Bien que nombreux sont les surfeurs venant des quatre coins de la planète pour découvrir cette fameuse droite (et oui, encore des droites, le Mexique n’est pas très généreux pour les goofy), Barra de la Cruz a gardé son âme de petit pueblo de bord de mer. A peine quatre petits restaurants locaux, deux tienda, trois tuktuk, 20 poules, et quelques burrachos le dimanche matin, rien de fancy mais bien assez accueillant pour qu’on aille rapidement envie d’y rester quelques jours de plus que prévu.
Pour avoir accès à la plage, les non-locaux doivent payer 30 pesos par personne (1.50CHF) quotidiennement. C’est la première fois qu’on doit sortir notre portemonnaie pour aller surfer, mais dans le cas de Barra de la Cruz, nous avons eu aucun problème à faire don de quelques pièces pour la bonne cause. En effet, l’argent que Ramon récolte (le gardien de l’entrée de la route) est distribué à la communauté qui gère le spot pour entretenir et aménager la plage. Un petit prix à payer pour un endroit si bien préservé.
Outre l’environnement magnifique, le spot est vraiment fun. Petites vagues, pas trop de monde, super ambiance au lineup, même si Seb devra patienter une dizaine de jours avant d’avoir de belles vagues overhead, moi je m’éclate dans les baby droites, à cruiser sur ma Minibu.
Nos journées sont bien organisées: réveil à 6h du matin, 1km de marche jusqu’à la plage, mise à l’eau à 6h45 pour le lever du soleil, 2h de surf, cafecitos sur la plage vers 9h00, un deuxième kilomètre de marche pour le retour à la cabane, p’tit déj de champion vers 11h, sieste et lectures en début d’après-midi, une troisième kilomètre de marche pour la deuxième session vers 15h, surf jusqu’au coucher du soleil à 18h, quatrième kilomètre de marche pour le retour au village agrémenté de quelques piqures de moustiques en cadeau, cervezitas avec los amigos Paco, Quentin, Bernardo, et Jakko vers 19h, tlayuda et tacos vers 20h et tout le monde au lit à 22h. Une routine qu’on a eu le temps de bien roder pendant nos deux semaines ici. Et même si ça peut paraître un peu répétitif, nous avons vécu à Barra de la Cruz un de nos meilleurs séjours de surf depuis Lobitos, au Pérou. Sur 14 jours, nous avons quitté seulement deux fois le village! Une première fois pour changer d’air et aller visiter Mazunte, petit village hippie, joliment animé par ses petits marchés et restaurants, et une deuxième fois pour aller à la recherche d’un secret spot magnifique et éviter ainsi la mise à l’eau d’une dizaine d’australiens fraîchement arrivés à Barra de la Cruz (l’expédition a bien valut le coup, mais je n’en dévoilerai pas plus sur le web…).
C’est donc ici que s’achève notre aventure de surf au Mexique. Après de nombreuses journées à ramer, à travailler notre backside, à se prendre des boîtes, à rider des magnifiques droites, à griller au soleil, c’est à Barra de la Cruz que l’on a décidément eu notre coup de cœur « surfistique » de ce pays. Le départ nous a laissé comme un goût amer dans la bouche, avec un mélange de tristesse de quitter cet endroit, et une reconnaissance d’avoir eu de si belles conditions malgré notre venue hors-saison. On repense aux Américains que l’on avait croisé à l’aéroport et c’est avec les yeux remplis d’étoiles qu’on imagine notre prochaine visite avec un groupe de copains.
Dans tous les cas, Barra de la Cruz restera ancré dans notre mémoire pour un bon moment. Entre les vagues, les rencontres, les rires, les locaux tellement gentils, les magnifiques couchers de soleil, cette ambiance ne fait que confirmer la réputation de cet endroit.
Gracias Barra por las olas, los amigos, los perros, los mezcalitos! Los vemos!