Après 10 heures de route de nuit, nous arrivons le 9 septembre à six heures du matin, dans la ville de Trujillo, à plus de 500km au nord de Lima. De là, nous trouvons rapidement au taxi qui nous emmène, boardbags sur le toit, dans village de Huanchaco.
Huanchaco était, à la base, un village de pêcheurs, devenu au fil des années une station balnéaire très appréciée des péruviens. Mais ce qui nous a poussé à découvrir cet endroit, c’est évidemment ses vagues, qui font sa réputation dans le monde des surfistas.
Rapidement, une impression de se retrouver au Maroc nous immerge. Le ciel gris et brumeux, le sol en terre battue et les bâtiments carrés nous inviteraient presque à se prendre un thé à la menthe. Mais les restaurateurs à la chasse aux touristes pour déguster leur ceviche nous ramènent rapidement en Amérique du Sud.
Après avoir déposé nos affaires au Atma Hostel, notre stamm pour ces 15 prochains jours, nous nous perdons dans les ruelles et découvrons le mercado, notre deuxième point de repère de ce séjour. Ici, on y trouve de tout: frutas locaux (ou exotiques selon notre point de vue suisse: on se régale de grenadilles, de mangues, de fruits du dragon et de cherimoya), légumes frais, légumineuses en vrac et même des jus de fruits pressés à la minute, un régal pour les yeux et les papilles. Après les premières courses faites, nous arpentons le bord de mer. On découvre les fameux caballitos de totora (littéralement petits chevaux de totora) et emblèmes de Huanchaco. Ces petites barques fabriquées en roseaux tressés sont utilisées depuis plus de 2000 ans pour la pêche. À bord de ces embarcations, les pêcheurs nous font une belle démonstration de lecture des vagues, take that surfers!
D’ailleurs le surf, ça ressemble à quoi à Huanchaco? Nous arrivons à la fin de l’hiver pour l’hémisphère sud, les gros swell sont donc passés mais il reste, de temps en temps, quelques houles capricieuses. On nous avait parlé de belles gauches, déroulants sur des centaines de mètres, mais malheureusement, nous aurons de la peine à les trouver pendant notre séjour (on nous expliquera par la suite, qu’à la fin de l’hiver, beaucoup de changements se passent au niveau des bancs de sable, et qu’il est normal qu’il soit difficile de trouver le « perfect point » à cette période de l’année). Une fois à l’eau, les courants sont très forts. Adios l’attente de la vague assis sur ta board. Ici, tu ne t’arrêtes pas de ramer, et pour nos petits bras encore peu entraînés, la fatigue musculaire se fait rapidement sentir. Difficile de faire plus d’une heure à l’eau lors de ces débuts. Cette entre-saison permet au moins que le line-up (zone où les surfeurs attendent les vagues) ne soit pas trop rempli: jamais plus de 10 surfeurs en même temps, plutôt exceptionnel pour nous qui sommes habitués aux coups de coudes dans l’Atlantique. Malheureusement, au fil des sessions, nous découvrons une eau de plus en plus sale, et forcément, les petits symptômes de ventre encore peu acclimatés se font sentir la deuxième semaine. J’avais bien expérimenté le « marrocan belly » il y a une année, au tour de Seb de s’approprier le « peruvian belly». Après ces épisodes, difficile de s’encourager pour enfiler la wetsuit pour les derniers jours ici. Mais dès que le soleil réapparait, l’appel des vagues est trop fort: on s’accroche, on serre les dents, et surtout on évite de boire la tasse (on nous a donné l’astuce du verre de Coca-Cola après chaque session et cela a l’air de faire ses preuves pour l’instant… #fingercrossed).
En dehors du fait que nous sommes super impatients de surfer nos premières vagues péruviennes, nous choisissons aussi Huanchaco comme camp de base pour le début de ce voyage afin de nous imprégner de la culture locale, en prenant des cours d’espagnol. L’idée est de dédier ces deux premières semaines à nos cours quotidiens avec Manuel, notre professeur. Et le retour sur les bancs de l’école ne se fait pas si facilement. Bien que Manuel soit un super prof, le contenu de ses cours est intense. Avec une liste de cinq pages des verbes irréguliers au présent, passé et futur et de nouvelles notions à emmagasiner chaque jour, difficile d’avoir l’impression de progresser. La deuxième semaine, la frustration se fait sentir et nous lui faisons remarquer que nous avons besoin de temps pour arriver à tout enregistrer. On ralenti le rythme et surtout, on prend le temps d’essayer de s’exprimer avec les gens qui nous entoure: merci Sarah, Clémence, Dano, Jonatan (et tous les autres…) de nous coacher dans ce nouveau challenge. On vous redonnera des nouvelles sur nos améliorations dans quelques semaines, promis.
Pour résumer ces deux premières semaines au Pérou, notre relation avec Huanchaco est un joli mélange de « je t’aime, moi non plus ». Le ciel gris, l’eau sale, les bobos et cette pression autour des cours d’espagnol nous ont pas aidé à débuter ce voyage le plus relax possible. En même temps, nous avons fait de magnifiques rencontres, nous avons profité de notre période d’incubation pour nous reposer et nous avons tout de même surfé de jolies vagues quasi en duo. Après seulement 15 jours dans ce pays, nous nous rendons compte que nous sommes capables de comprendre une conversation, ce qui était loin d’être le cas avant notre arrivée ici. Malgré notre envie d’eau clair et de ciel bleu, Huanchaco a été une agréable première étape dans cette grande aventure.
See you next week in Lobitos!
Nos adresses coup de cœur:
Atma Hostel: un peu à l’écart du centre ville mais très bien situé. Cet hostel est tranquille, bien équipé et très abordable. Des cours de yoga y sont enseignés tous les matins, parfait pour un réveil dynamique avant de se jeter à l’eau. On y trouve même des lapins et une tortue pour amuser la galerie (et finir nos épluchures de légumes!).
Crêpes Sol: probablement le meilleur café de Huanchaco!
Chocolate Cafe: parfait pour un petit-déjeuné au calme (tenu par une suisse-allemande, on y trouve même le desayuno suizo avec une tranche de tresse pour les voyageurs en mal du pays!)
El Penon: très bon ceviche, pas cher.
Mi Casa Thaï Food: petit terrasse privée sur les toits de la ville, on doit sonner pour y accéder. Même si on a du gardé nos doudounes le temps du repas, le délicieux Pad Thaï qu’on nous a servi nous a maintenu bien au chaud.
Share The Wave: association suisso-péruvienne utilisant le surf à travers le développement durable, la promotion de l’égalité sociale et de genre et le maintien de la culture locale. J’ai rencontré Roxane, une des fondatrices de l’association, lors d’un beach cleanup. L’événement est organisé chaque semaine avec les jeunes de l’association et est ouvert à qui veut bien les rejoindre. Etant une grande passionnée des nettoyages de plage (ma chasse aux trésors préférée!), il était évident de les retrouver pour quelques heures. Merci à Roxane pour cette belle initiative!
Eco Surf Station: surf shop Zero Waste tenu par l’équipe de Share the Wave. On y trouve un joli choix de matériel (surf et combi) pour la location ainsi que des objets zero waste. Ils proposent aussi des cours de surf pour tous ceux qui auraient besoin de coaching dans les vagues alentours.
Chan Chan: parce qu’un peu de culture entre deux sessions de surf (ou deux cours d’espagnol) était quand même inévitable dans cette région. Chan Chan est une zone archéologique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’une cité de terre, construite par le royaume de Chimor, entre 850 et 1470 après J.-C. Elle fut une capitale impériale jusqu’à sa conquête par l’Empire Inca, au XVe siècle. On a eu le plaisir d’être guidé par José, un passionné du lieu. Sa flûte de pan accroché à son sac, il nous a dévoilé toutes les histoires et les secrets dont la ville de Chan Chan regorgeait. Un moment magique accompagné de jolies mélodies péruviennes.